Les systèmes de grottes de l’eau thermale karstique de Buda

Le site candidat, situé dans la zone intérieure de Budapest, comprend un représentant spécial d'un type rare de grotte : le système de grottes de la vallée de Pál, le système de passages hautement protégé de 53,6 km de long des grottes de la colline Ferenc, de Molnár János, de la colline József, de la colline Szemlő et du château de Buda, ainsi que les zones entourant les entrées des grottes, qui sont des zones protégées en partie comme sites naturels et en partie comme monuments.

La formation de la plupart des grottes karstiques du monde est liée à l'infiltration d'eau directement depuis la surface. En revanche, les grottes de l’eau thermale karstique de Buda ont été créées par des eaux thermales karstiques remontant des profondeurs. Les grottes proposées comme sites du patrimoine mondial représentent non seulement les différentes étapes de ce processus, mais aussi les différentes variations de l'évolution des grottes de l’eau thermale karstique due aux influences spécifiques de chaque grotte. Outre les caractéristiques communes des grottes de Rózsadomb (par exemple, la dissolution des cavités calcaires, la présence de cristaux de calcite et de barytine, ou les changements soudains dans la taille des passages), la grotte la plus ancienne, la grotte de la colline Ferenc, est la seule où l'on trouve des coquilles formées par d'écoulement indiquant un mouvement rapide de l'eau, et où s'est formé le réseau de passages le plus dense et le plus régulier, mais aussi le plus étroit. La grotte de la colline Szemlő, dissous à un niveau plus profond dans le même bloc montagneux, est un modèle de grotte de l’eau thermal karstique en Hongrie, où le lien génétique entre la grotte inactive et les sources thermales de la vallée montagneuse a été reconnu dès les années 1930, grâce aux schémas de dissolution et à la formation des minéraux qui ne peuvent être expliqués par le modèle classique de formation des grottes. Dans les 29,7 km du système de grottes de la vallée de Pál explorés jusqu'à présent, ces éléments sont complétés par une masse de sédiments de surface, des formes de solution vadose et une variété de formations de stalactites dues aux entrées et sorties d'eau ultérieures. C'est également la seule grotte inactive de la région, dont le point de terminaison atteint le niveau actuel de l’eau karstique en forme d’un petit lac d'eau froide.

Toutefois, la présence massive de cristaux d'aragonite en forme d'aiguille et de diverses formations de gypse n'est caractéristique que de la grotte de la colline József, particulièrement spectaculaire, découverte en 1984. Cette dernière et le plan largement ramifié de la grotte suggèrent que l'acide sulfurique provenant de l'oxydation du sulfure d'hydrogène a pu jouer un rôle dans sa formation. La plus unique est sans aucun doute le développement de la grotte du château de Buda, qui se trouve à l'intérieur de la colline du château, car ses cavités ont été dissoutes dans le travertin déposé lors d'une phase antérieure d'activité des sources d’eau chaude à la limite de deux couches rocheuses différentes. Ces grottes, qui sont devenues progressivement inactives en raison de l'entrée du Danube et de l'élévation du côté de Buda, sont rejointes au niveau de la source actuelle par le réseau de passages de la grotte Molnár János, remplie d'eau à 20-23 °C, qui fonctionne encore comme une grotte de source d’eau chaude, offrant une occasion unique d'étudier les caractéristiques de la formation récente de grottes de l’eau thermal karstiques.

La localisation de ces valeurs naturelles exceptionnelles est également reconnue comme unique, car ils sont situés sous la zone résidentielle d'une métropole et ont toujours un lien particulier avec son histoire et son développement. Les cavités de la grotte du château de Buda étaient déjà utilisées par les habitants médiévaux de la colline du château, d'abord comme caves, puis, pendant la Seconde Guerre mondiale, comme un système cohérent d'abris. Outre les découvertes archéologiques et les monuments architecturaux, des sources écrites du XVIe siècle témoignent aussi de tout cela. Jusqu'au XIXe siècle, l'eau s'écoulant de la grotte de János Molnár alimentait également des moulins à farine, puis à poudre à canon, et l'eau médicinale extraite de son tronçon initial contribue depuis lors à l'approvisionnement en eau des Thermes de Lukács. La découverte des quatre autres grottes est clairement due à l'expansion de la capitale : leurs premiers passages n'ont été ouverts qu'au XXe siècle, à l'occasion de fouilles artificielles telles que l'extraction de la pierre, la canalisation ou la fondation de bâtiments. Sur la longueur totale des grottes actuellement connue de 53,6 km, seuls 15,3 km étaient connus jusqu'en 1980, ce qui signifie que plus des deux tiers du système de passages ont été explorés par des recherches ciblées au cours des quatre dernières décennies.

La zone naturelle protégée autour de l'entrée de la grotte de la colline Ferenc est classée comme une forêt récréative, tandis que les quatre autres grottes de Rózsadomb sont entourées d'un parc. Dans ces zones, il n'y a que de petits bâtiments destinés à l'utilisation et à l'exploration des grottes, dont les vestiges des anciens bains de vapeur populaires (Népgőzfürdő) près de l'entrée de la grotte János Molnár, avec le premier dôme en béton armé du pays, sont également protégés en tant que monument. Et les immeubles situés autour des entrées de la grotte du château de Buda font partie du site du patrimoine mondial existant.